Tous les propriétaires de chien se posent cette question : mon chien peut-il mordre et blesser quelqu’un un jour ? Certains en ont conscience de fait par la puissance visible de la mâchoire de leur chien de moyen ou grand gabarit, ou à l’aspect musculeux du chien comme un malinois ou un rottweiler. D’autres y sont obligés par la loi car leur chien est catégorisé comme l’American Staffordshire Terrier. Malgré cela, certains ne l’envisagent pas car leur chien est forcément « gentil » : labrador, golden retriever, berger australien, border collie, cocker, yorkshire… Des chiens réputés pour leur « gentillesse ».
Et un jour pourtant, je suis contacté, c’est l’affolement et je reçois un appel au titre que « le chien m’a grogné dessus, il a montré les crocs sur ma belle-sœur, il a pincé ma fille, il a mordu… ». C’est la consternation, l’incompréhension et un début d’interrogation en se tournant vers le comportementaliste canin pour comprendre et découvrir, enfin, ce qu’est le chien.
Pourquoi tous les chiens peuvent mordre un jour ?
Il est crucial de comprendre que tous les chiens, indépendamment de leur race ou de leur taille, peuvent mordre un jour. La morsure est souvent une réaction à une situation perçue comme menaçante ou stressante. Même les chiens réputés pour leur douceur peuvent mordre s’ils se sentent en danger, s’ils ont mal, s’ils sont surpris, si leurs ressources sont remises en question (alimentaire, jeu, affective, zone de repos…). La morsure est un comportement instinctif et naturel chez le chien, souvent utilisé comme dernier recours lorsqu’il n’a pas d’autre moyen de se protéger. Elle est généralement un pincement qui fait un hématome car la morsure n’est pas tenue. Le chien qui mord plusieurs fois, et surtout qui tient la morsure est vraiment dans un état émotionnel hors de contrôle qui est très complexe à analyser (causes, circonstances…).
Pour éviter les morsures de chien, il est crucial de suivre certaines étapes clés.
1. Une socialisation précoce du chien le stabilise émotionnellement en lui donnant des repères, le risque de morsure diminue donc d’autant, vous diminuez le risque d'un chien qui mord
Lorsque j’ai commencé à travailler avec Max, un jeune Labrador, il était très craintif et réactif envers les étrangers. Nous avons commencé par des séances de socialisation progressive. Je l’ai exposé à différentes personnes, enfants, adultes, et même d’autres animaux. J’ai conseillé à ses référents de participer à plusieurs séances en club canin dite « école du chiot ». Au début, Max était tendu, mais avec le temps et beaucoup de patience, il a appris à gérer ses émotions. Aujourd’hui, Max est un chien équilibré qui réagit calmement dans des situations variées.
La socialisation avec ses congénères et d’autres humains que son groupe familial de façon précoce permet aux chiens de développer des compétences sociales essentielles (https://www.accorddog.fr/post/9-conseils-pour-bien-socialiser-votre-chiot ). Ainsi, par exposition progressive, associé à des situations plaisantes (friandises mais aussi gestes et mots clés de conditionnement associés) dès leur plus jeune âge, les chiens apprennent à gérer leurs émotions et réagissent alors de manière appropriée. Je demande souvent le « le bonjour du chien poli » c’est-à-dire que le chien doit rester en laisse à côté de son maître sans s’agiter quand j’arrive ou un inconnu arrive à la maison. C’est un exercice parmi d’autres qui renforce la gestion de l’émotivité du jeune chien, renforce le lien de confiance avec son référent et donne une vision positive du chien de l’humain « autre ».
2. User et abuser de l’Éducation Positive pour diminuer le risque de morsure canine (https://www.accorddog.fr/forum/discussions-generales/education-canine-positive-c-est-quoi-au-juste )
J’ai travaillé avec Bella, une Border Collie, qui avait tendance à mordre lorsqu’elle était frustrée. En utilisant des méthodes d’éducation positive, comme la récompense par des friandises et des caresses, nous avons pu rediriger son comportement (https://www.accorddog.fr/forum/questions-et-reponses/pourquoi-apprendre-a-son-chien-de-nous-regarder-dans-les-yeux ). Par exemple, au lieu de mordre, Bella a appris à s’asseoir calmement pour obtenir une friandise. Cette approche a non seulement réduit les tentatives de morsures à néant, mais a également renforcé le lien d’affection avec sa maitresse. La port de la muselière a permis aussi d’atteindre l’objectif pour exposer le chien plus facilement aux déclencheurs. L’éducation canine positive n’est donc pas un jeu « à distribuer des saucisses ».
Les méthodes coercitives (collier étrangleur, électrique, collier torcatus, coups, isolement dans des lieux sans stimuli (obscurité, endroit très étroit) brise le mental du chien qui se soumet en réalité, un temps, en abandonnant un mauvais comportement et peut prendre l’apparence d’un chien normal (sauf ceux chez qui on crée un syndrome de privation sensorielle pour en faire des chiens hyper réactifs pour les combats clandestins de chiens). Pensez aux camps de rééducation communiste où l’on brisait (ou brise encore malheureusement) le prisonnier politique qui devait abjurer devant tous ses convictions, y compris sa famille, qu’il était un traître au parti. C’était le résultat de plusieurs jours, mois, années de mauvais traitements, sévices en tout genre qui avait pour but de briser le mental et d’obtenir des aveux conformes à l’attente du parti. Au-delà de l’aspect éthique abjecte des méthodes coercitives, ses pratiquants qui veulent toujours des résultats très rapides et faciles, obtiennent alors un chien « cocotte minute ». Celui-ci explosera un jour ou l’autre, se déchainera sur ce qui passera devant lui après un énième stimulus qu’il ne supportera plus de façon résignée. Ethiquement, humainement et par sécurité, il vaut donc mieux pratiquer l’éducation canine positive sous la forme d’un conditionnement mental progressif pour apprendre des réflexes utiles pour gérer les émotions face à des événements nouveaux. Cette méthode renforce la confiance et la coopération entre le chien et son maître. Je ne parle alors plus de maître mais bien de référent car nous passons dans une autre dimension relationnelle.
3. Apprendre à décrypter les Signaux Corporels du Chien pour éviter la morsure
Un jour, je suis intervenu pour Venom, un Berger Allemand, qui montrait des signes de stress lors des promenades. Ses oreilles étaient rabattues, sa queue entre les jambes, et il grognait légèrement. En reconnaissant ces signaux, j’ai mis en place un apprentissage par réflexe et nous avons pu intervenir avant qu’il ne devienne agressif. J’ai utilisé la technique du ‘VIENS’ avec une voix enjoué et demandé un regard dans les yeux (‘LOOK’). Cela permettait de détourner son attention et l’a calmé immédiatement.
Apprendre à décrypter les signaux corporels de votre chien est essentiel pour prévenir les morsures (https://www.accorddog.fr/post/interpréter-les-signaux-corporels-du-chien ). Les signes de stress ou d’inconfort, comme les oreilles rabattues, la queue entre les jambes, ou les grognements, sont des indicateurs que le chien peut être sur le point de réagir de manière agressive. Turid Rugaas, dans son livre “Les signaux d’apaisement”, explique en détail ces comportements et comment les interpréter.
En résumé, pour éviter les morsures de chien, il est essentiel de socialiser votre chien dès son plus jeune âge, d’utiliser des méthodes d’éducation positive, et de savoir décrypter les signaux corporels de votre chien. Ces pratiques permettent non seulement de prévenir les morsures, mais aussi de renforcer la relation entre vous et votre compagnon à quatre pattes. En suivant ces conseils, vous contribuerez à créer un environnement sûr et harmonieux pour vous et votre chien.
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4. Comprendre les besoins fondamentaux du chien et sa gestion des ressources pour diminuer le risque de morsure
La plupart des morsures ont lieu dans le milieu familial. Pourquoi ? Les petits chiens comme les plus gros en sont responsables. Ce ne sont pas les chiens dit Pitbull qui mordent le plus en ce moment mais le Labrador, Golden Retriever, Berger Allemand, Border Collie, Cocker, Teckel. La gravité de la morsure est variable et, dans le cadre familial, n’est pas déclarée pour la plupart. Bien souvent, on s’aperçoit que le chien a fait de la protection de ressources face à des humains qui n’ont pas compris qu’il n’était pas une peluche.
C’est le cas des enfants qui vont embêter le chien dans son panier pendant qu’il dort. Et, le « gentil chien de famille » ; le cocker qui est devenu vieux, avec de l’arthrose est devenu soudain irritable face aux jeunes enfants qui veulent jouer avec lui et surtout qui viennent le déranger dans son panier.
Trop souvent, j’ai le cas simple de l’emplacement de la couche de repos du chien qui ne correspond pas à son besoin de quiétude. J’ai eu le cas d’une border collie Shelsy qui s’est mise à grogner en montrant les crocs face au fils de la famille. Après enquête du milieu de vie, il s’est avéré que celui-ci, boulanger, passait dans le couloir tôt le matin (vers 03h30) et la dérangeait. Elle l’avait donc pris en « grippe » parce qu’elle n’avait pas d’endroit adapté où dormir ! Une solution efficace et immédiate : trouver un lieu calme pour la nuit pour la chienne.
5. Gérer son chien en laisse en cas de surexcitation : une sécurité supplémentaire pour éviter les morsures de son chien
J’ai souvent rencontré des propriétaires qui ne savaient pas comment gérer leur chien en laisse, surtout en cas de surexcitation. Par exemple, lors d’une promenade en ville, un chien peut facilement être distrait par une odeur ou effrayé par un bruit soudain. J’enseigne l’utilisation de la laisse type 3 points, qui permet de bloquer un chien qui tire brusquement et de reprendre le contrôle physique et mental. Cette technique, bien que méconnue, est très efficace. Elle donne plus d’assurance au conducteur et apprend au chien à ‘écouter’ sa laisse.”
L’usage de la laisse type 3 points est souvent négligé mais mérite d’être diffusé. Contrairement aux laisses enrouleurs, qui peuvent être dangereuses, cette laisse permet un meilleur contrôle du chien. En ville, où les distractions sont nombreuses, il est essentiel de pouvoir gérer son chien efficacement pour éviter les accidents. Les longes, bien que pratiques en milieu ouvert, ne sont pas adaptées aux environnements urbains où le contrôle est primordial. Imaginez un chien qui décide soudainement de suivre une odeur ou qui panique à la vue d’un camion poubelle. Sans un bon contrôle, les risques d’accidents augmentent considérablement. (https://www.accorddog.fr/forum/discussions-generales/la-longe-pour-chien-a-ne-pas-mettre-entre-toutes-les-mains )
Pourquoi je suis opposé aux laisses à enrouleur : https://www.instagram.com/reel/DAWAjn_IuP5/?igsh=aWduYWpneGo4NHd3
6. Habituer son chien au port de la muselière : l’arme absolue pour éviter les morsures ?
J’ai un client avec une chienne réactive dans certaines situations. Pour sa sécurité et celle des autres, il lui met une muselière type Baskerville dans les lieux étroits comme les centres-villes. Cela lui permet de la promener en toute sérénité. Après quelques centaines de mètres, dans des zones moins fréquentées, il lui enlève la muselière pour qu’elle puisse explorer à son aise.”
Le port de la muselière est un élément de sécurité souvent sous-estimé en France. Ce n’est pas le cas dans les pays anglo-saxons. Pourquoi ? A mon avis, la loi sur la catégorisation des chiens avec obligation du port de la muselière pour eux dans certaines circonstances à ranger la muselière dans l’imaginaire collectif à un objet que pour ce type de chien. Le regard des passants parfois effarouchés qui se pose sur le chien muselé est assez déconcertante et prouve cet état d’esprit. J’ai déjà été contrôlé par les forces de l’ordre parce que j’avais un chien muselé (non catégorisé) en ville. Un comble quand on voit le nombre de chien catégorisable non muselés en ville…Souvenez-vous aussi du « débat » d’un Golden retriever pris en photo dans le train sans muselière par une ex-parlementaire (maladroite) (cf. à 1.21 https://dai.ly/x8tbzfs) ! A mon avis, le port devrait être obligatoire dans les lieux étroits et pour tous les chiens, notamment dans les transports en commun et les centres-villes. La muselière type Baskerville est particulièrement recommandée, sauf pour les chiens à face plate pour lesquels il n’existe pas de muselière adaptée. Habituer son chien à porter une muselière dès ses six mois me semble crucial (https://youtu.be/OeTTxv585Pw?si=OdFRfKdjgIqiOdOz). Cela permet de l’emmener chez le vétérinaire ou de le manipuler en cas de blessure sans risque de morsure. En effet, un chien blessé peut mordre par réflexe.
Pour éviter les morsures, il est essentiel de savoir gérer son chien en laisse et de l’habituer au port de la muselière. La laisse type 3 points offre un contrôle optimal en milieu urbain, tandis que la muselière assure la sécurité dans les lieux étroits (https://www.accorddog.fr/forum/discussions-generales/tous-les-chiens-peuvent-porter-la-museliere ). Ces pratiques, bien que parfois méconnues, sont indispensables pour garantir la sécurité de votre chien et des autres. En les adoptant, vous contribuez à créer un environnement sûr et harmonieux pour vous et votre compagnon à quatre pattes.
Que faire si votre chien mord malgré vos précautions ?
Si, malgré toutes vos précautions, votre chien mord quelqu’un, il est important de réagir rapidement et de manière appropriée. Tout d’abord, assurez-vous que la personne mordue reçoit les soins médicaux nécessaires, déclarer la morsure aux autorités et à votre assurance responsabilité civile.
Je conseille aussi le port immédiat de la muselière s’il la connait déjà. Sinon, il faut lui apprendre. Ne punissez pas votre chien de manière violente, car cela pourrait aggraver son comportement agressif. Si vous le pouvez (selon les circonstances), mettez votre chien à l’isolement pendant 5 minutes dans une pièce allumée sans le regarder et sans lui parler. Vous ôtez quelque chose d’agréable à votre chien : votre présence ou celui du groupe familial. Or, le chien, animal social, recherche et apprécie cette situation conforme à son instinct. Vous êtes bien toujours dans l’éducation canine positive, mais dans ce cas, vous enlevez quelque chose d’agréable conformément à l’éthologie canine.
Ensuite, consultez un comportementaliste canin pour comprendre les causes de la morsure qui vous aidera à mettre en place un plan de rééducation adapté.
En conclusion, bien que la possibilité de morsure ne puisse jamais être totalement éliminée, une éducation appropriée et une bonne compréhension du comportement canin peuvent grandement réduire les risques. Soyez attentif aux signaux de votre chien et n’hésitez pas à consulter un professionnel (privilégié un diplômé d’Etat) en cas de doute.
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