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Le chien ne doit pas passer la porte en premier : stop aux idées reçues !



Quand je lis sur chien.com : « C’est toujours le chien alpha qui passe en premier dans les passages étroits : cela peut être une porte, un portail, une allée entre deux maisons, l’espace entre deux voitures garées, ou encore un chemin étroit dans les bois. On remarque d’ailleurs facilement ce comportement au sein d’une meute de chiens : c’est toujours le dominant qui sort en premier du chenil. », je dis stop aux idées reçues, fausses avec une démonstration non prouvée (c’est toujours le « dominant qui sort… »). L’éthologie canine a prouvé scientifiquement depuis 50 ans qu’il n’y avait pas de hiérarchie entre nous et les chiens et pourtant ce type d’idée a la vie dure. De plus, les chiens ne vivent pas en meute mais en pack sauf s’ils sont de la même famille et sauvages… ce qui limite même la définition du chien qui est chien parce qu’il vit avec l’Homme. Alors faut-il passer avant ou derrière ? Cette question m’est souvent posée lors de mes interventions.


1. C’est avant tout du bon sens : la sécurité doit primer

Il n’y a pas d’instinct de chien à respecter ou de notion de dominance qui, je le répète, n’existe pas entre l’Homme et le chien puisque nous contrôlons toutes ses ressources. Un chien qui passe en premier peut se retrouver dans une situation dangereuse s’il sort d’un coup dans une rue passante avec des voitures par exemple. Vous seul pouvez analyser correctement la situation. Évidemment, si vous rentrez chez vous, c’est différent et vous pouvez laisser passer votre chien. Si vous ouvrez une baie vitrée et que vous voyez correctement dehors, vous pouvez estimer que l’environnement est calme et sans danger alors être devant ou derrière n’a pas d’importance.

Prenons l’exemple de Max, un Labrador de trois ans. Max est un chien bien dressé, mais il a tendance à être excité lorsqu’il sort pour ses promenades. Un jour, en sortant de la maison, Max a couru devant son propriétaire et a failli se faire renverser par une voiture qui passait. Heureusement, il n’a pas été blessé, mais cet incident a montré à quel point il est crucial pour le propriétaire de passer en premier pour évaluer la situation et assurer la sécurité de son chien.



2. Cela évite une surprise et un comportement indésirable de la part de votre chien

Si vous ne voyez pas derrière la porte, je vous conseille de passer devant et de laisser votre chien derrière vous. Pourquoi ? Car votre chien peut se retrouver brusquement face à une personne inconnue et réagir soit par la fuite par crainte, soit se figer (sans conséquence) et grogner (et donc faire peur), et par peur pincer la personne ou la mordre à plusieurs reprises si la personne lui a fait mal (comme un cycliste par exemple). La morsure par irritation est fréquente en ville dans les endroits étroits, les passages délicats comme les halls d’entrées des immeubles, les coins de rue, les passages piétons, les trottoirs étroits. Aujourd’hui de nombreux mobiles (vélos, trottinettes électriques) utilisent les trottoirs et surtout arrivent vite sans faire de bruit. La ville nécessite encore plus qu’hier une éducation spécifique pour nos amis à quatre pattes !

Un autre exemple est celui de Viki, une petite chienne de race Cocker Spaniel. Viki est généralement calme, mais elle peut être nerveuse dans des environnements inconnus. Un jour, en sortant d’un immeuble, elle a rencontré un cycliste qui arrivait rapidement. Surprise et effrayée, elle a réagi en aboyant et en essayant de mordre le cycliste. Si son propriétaire avait passé la porte en premier, il aurait pu anticiper la situation et éviter cette réaction indésirable.


3. Non aux idées reçues : comprendre le comportement canin

L’idée que le chien doit toujours passer en premier parce qu’il est le « dominant » est une idée reçue qui persiste malgré les avancées scientifiques en éthologie canine. Les études montrent que les chiens ne fonctionnent pas selon une hiérarchie stricte comme celle observée chez les loups. En réalité, les chiens domestiques ont évolué pour vivre en harmonie avec les humains, et leur comportement est souvent influencé par leur environnement et leur éducation plutôt que par un instinct de dominance.

Le Dr. John Bradshaw, un éminent éthologue et auteur de “In Defence of Dogs” (Amazon.fr - In Defence of Dogs: Why Dogs Need Our Understanding - Bradshaw, John - Livres), explique que la notion de dominance chez les chiens domestiques est largement exagérée. Selon lui, les chiens ne cherchent pas à dominer leurs propriétaires, mais plutôt à comprendre et à s’adapter aux règles de leur environnement. Il souligne que les comportements que nous interprétons souvent comme des signes de dominance sont en réalité des réponses à des situations spécifiques et des tentatives de communication.

De plus, la notion de « meute » est souvent mal comprise. Les chiens domestiques ne forment pas des meutes comme les loups sauvages. Ils vivent en groupes sociaux appelés « packs », qui sont souvent composés de membres de la même famille ou d’individus qui ont été socialisés ensemble. Dans ces groupes, les interactions sont basées sur des relations de coopération et de communication plutôt que sur une hiérarchie rigide.


Le Dr. Marc Bekoff, un autre expert en comportement animal, a également critiqué l’idée de la dominance chez les chiens. Dans son livre “The Emotional Lives of Animals” (The Emotional Lives Of Animals (revised) - By Marc Bekoff (paperback) : Target), il explique que les chiens sont des animaux sociaux qui cherchent à établir des relations harmonieuses avec les membres de leur groupe, qu’il s’agisse d’autres chiens ou d’humains. Il affirme que la coopération et la communication sont des aspects clés de la vie sociale des chiens, et non la domination.








4. L’importance de l’éducation et de la socialisation

L’éducation et la socialisation jouent un rôle crucial dans le comportement des chiens. Un chien bien éduqué et socialisé est moins susceptible de réagir de manière imprévisible lorsqu’il rencontre des situations nouvelles ou stressantes. Il est donc essentiel de commencer l’éducation dès le plus jeune âge et de continuer à renforcer les comportements positifs tout au long de la vie du chien.

Prenons l’exemple de Rocky, un Berger Allemand. Rocky a été socialisé dès son plus jeune âge et a suivi des cours d’obéissance. Grâce à cette éducation, il est capable de rester calme et obéissant même dans des environnements bruyants et animés. Son propriétaire peut donc se permettre de le laisser passer en premier dans certaines situations, car il sait que Rocky réagira de manière appropriée. Il a entraîné son chien à augmenter son niveau de résilience par habituation progressive aux stimuli tout en étant attentif à rester dans une zone d'acceptabilité pour l'animal. Comme je le dis souvent, tout chien est réactif mais chacun possède un niveau seuil de déclenchement aux stimuli qui varient selon leur génétique, leur enfance, leurs expériences vécues et surtout leur éducation. Pensons à notre chien qui voit passer en balade en liberté un lièvre devant lui, que va t-il se passer . Je crois que peu de chiens vont résister à le tentation d'initier une poursuite. L'instinct du prédateur sera donc bien activé pour tous. Par la suite, le niveau de l'obéissance au rappel va jouer et donc son niveau d'éducation et de lien avec son référent. La vidéo ci-dessous est génial car elle montre l'instinct de prédation d'un chien qui suit un lièvre, celui-ci se fige et le chien passe à côté sans le voir : cela démontre bien que la vision du chien est avant tout basée sur le mouvement.




5. Adapter son approche en fonction du chien et de l’environnement

Chaque chien est unique, et il est important d’adapter son approche en fonction de la personnalité et des besoins de son animal. Certains chiens peuvent être plus anxieux ou réactifs que d’autres, et il est crucial de prendre en compte ces différences lors de la prise de décision.

Par exemple, un chien comme Luna, un Border Collie très énergique et curieux, peut bénéficier de passer en premier dans des environnements sécurisés où elle peut explorer librement. Cependant, dans des situations potentiellement dangereuses ou inconnues, il est préférable que son propriétaire passe en premier pour évaluer la situation et assurer sa sécurité.


Conclusion : observation, analyse des risques et bon sens

La décision de laisser ou non son chien passer devant soi au passage des portes ou autres passages étroits (cages d'escalier, hall d'entrée d'immeuble) dépend de plusieurs facteurs, notamment le tempérament du chien et l’environnement. Selon mon expérience, la sécurité et le contrôle priment tout en évitant de surprotéger le chien. Il est donc crucial de trouver un équilibre qui assure la sécurité tout en permettant au chien de s'épanouir. En fin de compte, il s’agit de comprendre les besoins et le comportement de votre chien et d’adapter votre approche en conséquence.

Enfin, il est important de remettre en question les idées reçues et de se baser sur des connaissances scientifiques et des observations concrètes pour prendre des décisions éclairées concernant le comportement de nos chiens. En comprenant mieux leurs besoins et en adaptant notre approche, nous pouvons assurer leur sécurité et leur bien-être tout en renforçant notre relation avec eux.


 

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